Old Boy, récompensé par le Grand Prix au festival de Cannes quand le jury était présidé par Quentin Tarantino, fut sans doute l'une des oeuvres les plus marquantes du réalisateur sud-coréen Park Chan-wook, bien que plusieurs de ses films, notamment les deux autres volets de la trilogie de la vengeance, à savoir Sympathy for Mr. Vengeance et Lady Vengeance, ne soient pas pour autant en reste. Il est à noter qu'Old Boy se situe quant à lui dans une optique un peu différente puisque son pitch de départ est tiré d'un manga (quoique le traitement du film diverge radicalement de celui du support d'origine).
Il va s'en dire que ce long-métrage s'inscrit pleinement dans cette thématique vengeresse. L'histoire commence ainsi : Oh Dae-su, un homme tout à fait ordinaire, se fait kidnapper alors qu'il était sur le point de fêter l'anniversaire de sa fille. Séquestré dans une pièce pendant une durée de quinze ans, son seul lien avec l'extérieur étant une télévision par laquelle il apprend que sa femme a été assassinée, qu'il est le principal suspect et que sa fille a été confiée à des parents adoptifs, il finira par être mystérieusement relâché, ce sans connaître les intentions, ni même l'identité de son ravisseur. Commencera alors pour le protagoniste, animé d'une rage à nul autre pareil et en proie à une folie latente du fait de sa longue captivité, enquêtes et pérégrinations dans la souffrance en vue de savoir qui l'a kidnappé et pourquoi, sans se douter qu'il est depuis le début lui-même la cible d'une vengeance nourrie par une rancune lancinante du passé, le chasseur s'avérant en réalité être la proie.
Il n'est pas forcément certain que vous apprécierez le film, de par sa mise en scène assez particulière et son sens de l'emphase, qui vont ceci dit de pair avec l'expressivité des émotions et une somptueuse musique qui donne à l'ensemble les allures d'un conte baroque, empreint d'une poésie macabre contrastant avec la crudité de certaines séquences. Âmes sensibles, veuillez vous abstenir. La violence dans ce long-métrage est exacerbée à l'extrême et certaines scènes sont particulièrement glauques (ce plus encore à l'aune de certaines révélations).
La fin de cette implacable tragédie, particulièrement atroce, ne laissera pas tout le monde indemne, et choquera tout autant par sa violence graphique et psychologique que par le caractère inutilement vain et cruel de la vengeance dont Oh Dae-su était depuis le début la cible. Elle donne néanmoins tout son sens à ce proverbe qui ne cesse de nous être martelé tout au long du film : « Ris et tout le monde rira avec toi, pleure et tu seras le seul à pleurer ».
Par contre, je sais que c'est un point sur lequel je me répète puisque j'y étais déjà revenu dans mon précédent billet sur Real Humans, mais pitié, regardez l'original de 2003, et non pas le remake américain absolument sans aucun intérêt sorti en 2013.